Le 13 août 2020, le gouvernement américain, via son département du Commerce, n’a plus renouvelé la licence générale temporaire qui permettait à Huawei Technologies Co. Ltd d’accéder aux logiciels, applications et technologies d’origine US. La mesure qui intervient dans le contexte de guerre technologique entre les Etats-Unis et la Chine restreint l’accès des nouveaux téléphones de la société chinoise au système d’exploitation mobile Android. Face à l’inquiétude des consommateurs, Huawei semble serein. L’entreprise qui a toujours affirmé s’être préparée depuis longtemps à tous les cas de figure, dégaine diverses solutions.
La période de grâce que le gouvernement américain accordait aux utilisateurs d’appareils mobile de Huawei Technologies Co Ltd depuis le 16 mai 2019, pour leur permettre de transiter vers d’autres fabricants, a pris fin. Depuis le 13 août 2020, la société technologique chinoise ne peut plus du tout accéder aux logiciels et autres technologies américaines, notamment la version avancée d’Android, le célèbre système d’exploitation pour mobile développé par Google et qui équipera 85,4% des Smartphones vendus dans le monde en 2020, selon International Data Corporation (IDC).
Avec cet accès restreint à Android, les appareils mobiles de la firme de Shenzhen ne devraient plus accéder à Google Play Store et aux près de trois millions d’applications mobiles que renferme la plateforme. Mais Huawei qui semble avoir pensé à un plan B bien avant le début du conflit technologique avec les Etats-Unis, a déjà dévoilé une série de solutions à même de juguler quelque peu l’impact négatif attendu de la décision américaine.
Pas de rétroactivité
Face à l’inquiétude grandissante des férus des marques Huawei et Honor qui n’ont pas manqué de l’interpeller sur les réseaux sociaux après l’annonce du non-renouvellement de sa licence générale temporaire par les USA, la société technologique qui a joué la carte de la sérénité a tout d’abord expliqué que la restriction d’accès au système d’exploitation Android ne sera pas rétroactive. En clair, elle ne touchera pas les anciens téléphones de la marque. Le consommateur déjà détenteur d’un mobile Huawei sur lequel est préinstallé des services Google tels que Gmail, Youtube, Google Chrome, Google Maps, etc…. n’a pas d’inquiétude à avoir. Les mises à jour de ces applications continueront à se faire aisément.
De plus, pour les craintes sur la mise à jour du système d’exploitation lui-même, Huawei a aussi préparé une parade. La société a indiqué que « nos clients pourront continuer à recevoir des mises à jour logicielles grâce à la force de la communauté open source et à nos propres capacités de recherche et de développement ». La firme chinoise va profiter de la version Open source d’Android ; qui fournit l’essentiel de l’expérience Android mais à laquelle ne sont pas intégrés les services Google ; pour répondre à ce problème.
Les nouveaux appareils
Les nouveaux appareils mobiles de Huawei, développés en marge de la technologie américaine, continueront donc à utiliser la version du système Android, accessible aux fabricants de téléphone qui peuvent y apporter des modifications leur permettant de se distinguer de leurs concurrents. La société s’appuiera sur son système d’exploitation mobile personnalisé Huawei EMUI que l’on retrouve déjà dans plusieurs téléphones Huawei, notamment certains lancés après les sanctions américaines à l’instar du Mate 30 et du P40.
Huawei qui a toujours vanté sa capacité à répondre aux besoins de sa clientèle, compte en ces temps de crise, focaliser sa stratégie sur ce que l’entreprise maîtrise véritablement. Aussi, a-t-elle prévu de proposer à ses clients des applications alternatives à celles de Google. Les nouveaux téléphones seront dotés des Huawei Mobile Services (HMS), des alternatives aux Google Mobile Services (GMS) que sont Gmail, Google Search, Google Map, Youtube. Il s’agit de sept services clés : Huawei ID, Cloud, AppGallery, thèmes, Huawei Vidéo, navigateur, assistant. A travers l’AppGallery, son magasin d’applications qui renferme actuellement près de 60 000 applications chinoises, européennes et américaines disponibles dans 170 pays et dans 78 langues, Huawei se dit aussi capable d’agrémenter l’expérience numérique de ses clients.
Défis
En somme, sur le logiciel, Huawei garantit aux consommateurs de ses nouveaux Smartphones que rien ne changera fondamentalement même si tout changera du côté des contenus. L’entreprise estime malgré cela qu’ils ne perdront véritablement pas grand-chose en se passant de Gmail, Google Search, Google Map, Youtube puisque qu’il existe des alternatives toutes aussi efficaces à ces services, du moment qu’ils veuillent bien se donner la peine de les essayer.
Pour les utilisateurs qui voudront conserver l’accès aux célèbres applications Twitter, Instagram, WhatsApp, Messenger, Netflix, Prime Video, etc ; sur les nouveaux téléphones Huawei, il est possible de télécharger certaines à travers l’AppGallery. Mais les mises à jour feront défaut.
Il est également possible de contourner la restriction américaine en téléchargeant soi-même ces applications en fichier apk sur son téléphone. Dans les deux cas, cela induira des risques de sécurité. Surtout pour la seconde solution au regard de la source approximative du fichier. L’avantage avec Google Play Store réside dans cette garantie de provenance de l’application et sa sécurité, en plus de sa mise à jour automatique.
Cette réalité à l’esprit, il est tout à fait légitime de craindre que plusieurs consommateurs soient peu disposés à acquérir un téléphone via lequel ils rencontreront des problèmes de mises à jour et de sécurité sur les outils à travers lesquels ils interagissent le plus fréquemment avec le monde, la majorité de leurs contacts familiaux ou professionnels. Idem pour l’adoption de nouvelles applications alternatives à celles auxquelles ils sont déjà habitués. Pour un client, le choix d’un nouveau téléphone se fera toujours en fonction de sa facilité de prise en main et sa capacité à lui simplifier la communication avec la majorité de ses interlocuteurs. Huawei devra présenter des arguments vraiment solides pour amener ces potentiels futurs clients à faire l’expérience de son monde alternatif. Ses parts de marché dans le secteur hautement concurrentiel du mobile sont en jeu.
Agence Ecofin
COMMENTS